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La valse aux adieux
20 février 2016

c'était vraiment, vraiment joli

comme l'on voit les choses différemment lorsque l'on n'aime pas
lorsque l'on n'aime pas une personne mais mille
mille gens et mille choses
mille choses et mille gestes
mille gestes et mille mots

un matin, longeant la rivière, le long de la Grande rue de l'Ouest
je suis tombée amoureuse du manteau rouge d'une femme
qui passait au moment où les feux tricolores
se teintaient de la même couleur
- et la porte derrière elle
était rouge elle aussi
et c'était vraiment, vraiment joli

et ces immeubles gris qui se fondent parfaitement dans le ciel gris lui aussi
et cette bière bue aux dernières heures du jour avec un bon ami
et le goût tendrement simple d'un plat que l'on nous offre – comme ça
comme ça, juste parce qu'il est si bon de couper des légumes en dés pour quelqu'un qui nous est cher

je suis tombée amoureuse cent quatre vingt douze fois
d'un sourire un peu nerveux
des chaussettes dépareillées
(d'un garçon que je ne reverrais jamais)
et de la forme ronde de ses yeux
et deux cent trente et une fois
j'ai retenu mes larmes
en entendant les mots
ou en lisant les phrases
que d'autres ont écrit pour d'autres que moi

devant ma fenêtre il y a un arbre dans lequel une pie construit son nid
branche après branche
jour après jour
et trois écureuils qui jouent dans les poubelles
et la femme au carré sévère qui fume sa cigarette
elle n'est ni laide ni belle
elle est juste qui elle est

je tombe amoureuse des choses
qui ne font que passer

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